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Interview d’Anne Gauger, professeure de Français Langue Etrangère à Vetis

Interview d’Anne Gauger, professeure de Français Langue Etrangère à Vetis

Ce mois-ci, nous donnons la parole à Anne Gauger, professeure de Francais Langue étrangère à Vetis et membre du conseil d’administration.

Depuis quand êtes-vous professeure de FLE (Français Langue Etrangère) à Vetis ?

J’ai commencé à dispenser des cours de français à Vetis,  il y a environ deux ans. Je n’avais pas encore mon diplôme d’enseignement en FLE.

Qu’est-ce qui vous a décidé à donner de votre temps et à vous engager auprès de notre association ?

À l’origine, je suis professeure de français.  Avec l’évolution de la situation dans bon nombre de parties du globe, beaucoup de personnes arrivent en France sans pour autant en maitriser la langue. C’est pourtant le passeport indispensable si on veut pouvoir accéder à l’emploi.

J’ai par ailleurs une amie très investie dans le monde de l’insertion qui travaille ici. C’est elle qui m’a sensibilisée à ces problématiques. Je connaissais son projet et donc par extension celui de Vetis. Je savais également que le projet de l’association était totalement en phase avec mes valeurs personnelles. Cela m’a donné l’envie d’apporter ma contribution à ce projet.

Comme on n’enseigne pas à des étrangers comme on enseigne à des natifs, j’ai décidé de me former plus spécifiquement en préparant un diplôme d’enseignement du FLE.

Voilà ! C’est comme ça que je suis arrivée ici !

À certains moments vous devez composer avec des niveaux de langue assez différents. Comment vous arrivez à gérer cela ?

À Vetis,  on m’a globalement bien facilité les choses. J’interviens ailleurs et c’est beaucoup plus compliqué.

Ici, j’ai réussi à instaurer deux groupes de niveaux.  J’évalue chaque personne au départ individuellement afin d’identifier le niveau réel de chacun.

C’est vrai que les profils sont très disparates, vous avez des personnes qui se débrouillent très bien à l’oral mais qui ne savent pas écrire et inversement. Il existe souvent de grandes différences entre les compétences d’écriture et celles de la compréhension orale.

J’ai donc un groupe débutant en phase d’alphabétisation avec des niveaux assez différents et puis un groupe assez homogène qui prépare actuellement un niveau A2.

Lorsque des nouveaux élèves arrivent et s’intègrent au cours, j’essaye de les voir avant et après pour leur donner des exercices et rattraper ce qu’ils n’ont pas étudié. Je tente  de m’adapter le plus possible.

La plus grande difficulté que vous rencontrez en tant que professeure de FLE ça serait quoi ?

Alors honnêtement je pense que c’est le manque de motivation et de constance de certaines personnes. Pour apprendre, et ce quelle que soit la matière, il est impératif de faire preuve de ténacité et de fournir un travail personnel important.

Certaines personnes s’imaginent que deux heures trente  par semaine, c’est suffisant pour apprendre le français. C’est évidemment complétement faux. Aussi, d’autres hésitent à s’engager vraiment et ne font pas forcément le travail que je leur demande. Cela m’oblige à remotiver, à recommencer, à réexpliquer. Je perds beaucoup d’heures à refaire les mêmes choses quand le travail à la maison n’est pas suffisant voire même inexistant pour certains.

Mis à part cela, dans le contexte de Vetis, je n’ai pas rencontré d’autres freins, les apprenants sont par ailleurs des personnes très agréables.

L’équipe encadrante est très présente également. Je peux facilement discuter avec elle  des progrès ou des difficultés de certains salariés. Cela permet de prolonger l’apprentissage sur le terrain.

Pour moi, Vetis renverse les codes que l’on attribue habituellement au monde de l’insertion. Il y a fortement ancrée l’ambition d’insérer des personnes qui ont été fragilisées, exclues, par le professionnalisme, l’exigence et la prise en compte de l’humain dans sa globalité.  À Vetis,  il y a une équipe qui a à cœur de mettre l’homme au centre. C’est d’ailleurs ce qui me fait rester !

Je crois savoir que vous faites partie du Conseil d’Administration (CA) de Vetis désormais, qu’est-ce qui vous a décidé à vous investir encore plus chez nous ?

Je crois que quand on fait quelque chose,  il faut le faire complètement. En tout cas, c’est ainsi que je vis mes engagements.

Le fait de dispenser des cours de FLE m’a permis de rentrer en contact avec ceux qui font Vetis au quotidien. Il y les apprenants évidemment mais aussi l’équipe encadrante sur le terrain. Au fil des échanges avec toutes les parties prenantes, j’ai voulu en savoir davantage sur le monde de l’insertion,  sur le vécu des uns et des autres.

J’ai été invitée à une assemblée générale.  La teneur des interventions de certain(e)s encadrant(e)s, leur enthousiasme, leur professionnalisme m’ont donné envie d’aller plus loin. Le chemin était alors tout tracé pour proposer ma candidature au C.A, ce que j’ai fait.

Lors des premières réunions, je me suis rendue compte que les personnes présentes au C.A sont toutes plus ou moins issues de l’insertion. Je me suis donc questionnée sur ma légitimité à en faire partie, n’étant pas moi-même issue de ce milieu.  Mais engagée comme je le suis dans des heures de bénévolat de français et donc présente sur le terrain, j’ai besoin de connaître et de comprendre l’amont, l’aval des décisions qui sont prises, par exemple,  je me suis questionnée sur le manque de moyens concernant l’apprentissage de la langue, alors que tout le monde sait qu’elle est le facteur d’insertion par définition, mais il y a bien d’autres problématiques !  Or,  le C.A donne accès aux  informations et on peut y être aussi force de proposition.